Article paru dans le numéro 80

Profession : monteur-ajusteur.

 

Deux générations de monteurs-ajusteurs.

Régis, Bruno et Laurent Dubesset.


En France, dit-on, tout commence et tout finit par des chansons. Commençons donc par une chanson, celle des monteurs recueillie par Alexandre Bigay[1], érudit Thiernois du milieu du vingtième siècle[2]. Les paroles constituent un véritable résumé ethnologique de cette profession qui s’exerce, de nos jours, dans des conditions bien différentes.

 « Avec le beau temps vient la revanche.
Ils (les patrons) n’ont pas fini de trotter
Et de battre la campagne,
De « chez Foraux » à « chez Té »
Et quand nous arrachons les pommes de terre,
Les foins et tout le travail,
Nous quittons la « conscience »,
Nous ne sommes plus couteliers. »
« Piochons donc,
Fanons donc,
Nous gagnerons plus
Que de faire les couteliers »

 Ces couplets mettent en évidence la double activité du monteur qui, selon la saison et la météo, est tour à tour coutelier ou agriculteur. Cette double activité, si elle présente des avantages en termes de revenus familiaux, comporte également quelques inconvénients en ce qui concerne le suivi et la régularité de l’exécution des commandes passées par le donneur d’ouvrage à son monteur. S’inscrivant dans le cadre légal du travail à domicile[3], l’activité coutelière était souvent vue comme un complément de revenus ce qui ne facilitait pas la négociation du tarif avec l’employeur et faisait de cette activité « un métier de misère » comme le soulignent certains témoignages[4].

« Et même, pour faire d’avantage d’ouvrage,
La femme nous aide un peu,
Le petit nous les cloue.
Ça nous fait gagner un peu plus,
Car vous le savez bien,
Nous travaillons pour rien. »

 Le travail à domicile permettait également d’intégrer dans la production l’ensemble des membres de la cellule familiale, à une époque où le travail des enfants n’était pas règlementé aussi précisément qu’il l’est aujourd’hui. Cette main d’œuvre d’appoint, facilement mobilisable,  donnait de la souplesse à l’exécution des commandes mais présentait le désavantage, pour le travailleur à domicile, de maintenir à un niveau bas la rémunération du travail. A contrario, ce type d’organisation de l’activité productive avait permis à l’industrie thiernoise de conquérir des marchés dans le monde entier.

 « Quand la semaine est finie,
Le dimanche, bien chargés,
Nous arrivons dans la ville
Pour remettre notre travail. »

 L’organisation du travail en « rangs » spécialisés obligeait à une itinérance des éléments constitutifs du couteau avant que tous ceux-ci ne soient réunis entre les mains du monteur qui assemblait la totalité pour en faire, en fin, un couteau. La seule lame, par exemple, pouvait passer chez le forgeron, l’émouleur, le trempeur avant d’arriver chez le monteur. Traditionnellement, le dimanche, le monteur portait les couteaux finis chez son employeur qui résidait la plupart du temps « en ville ». Par tradition, également, le lundi était un jour chômé. Fallait-il ce jour de repos pour se remettre des agapes et libations autorisées par la paye touchée le dimanche ? Selon les cas, le transport de toutes ces pièces détachées pouvait être assuré par les employeurs ou les travailleurs à domicile eux-mêmes ou bien remis à des commissionnaires qui en assuraient le ramassage et la ventilation entre les différents destinataires. Ce « vagabondage artisanal » lié au travail à domicile a peu à peu cédé la place à une intégration des activités au sein d’unités de production pour des raisons évidentes de rationalisation et de suppression de coûts annexes.

 

Les différentes pièces de ces 12 laguioles 3 pièces sont ajustées et appariées avant le montage définitif. Du travail pour plus d’une journée !

Que sont les monteurs devenus ?

Pour le savoir, nous nous rendons dans la montagne thiernoise, sur la commune de Celles-sur-Durolle dans un lieu-dit au nom aussi énigmatique qu’inattendu : l’Os de Pie. Nous y rencontrons Bruno et Laurent Dubesset auxquels s’est joint leur père, Régis, monteur-ajusteur à la retraite. Il faut rapidement dire que derrière le terme de monteur, se cachent des réalités très diverses. Quand dans la chanson en patois, on dit que « le petit cloue » les couteaux, on comprend aisément qu’il ne met pas en œuvre les mêmes compétences que Bruno et Laurent quand ils montent un laguiole trois pièces. C’est pourquoi on parle plutôt, dans leur cas, de monteur-ajusteur. Assembler la lame et le manche en bois d’un couteau d’office est à la portée du premier (ou de la première) venu. Monter un laguiole trois pièces au ressort guilloché à la main et faire en sorte qu’il « marche » bien est une autre paire de manches.

Combien sont-ils, dans le bassin coutelier thiernois, à exercer cette activité à domicile ? Moins d’une dizaine à l’heure actuelle. Pour le reste, le travail se fait au sein des entreprises qui ont intégré la plupart des rangs de fabrication, dont le montage. En moins de cinquante ans, le paysage industriel et artisanal du bassin a été complètement bouleversé, avec toutes les conséquences humaines et sociales qu’on peut imaginer. Marc Prival [5] cite le cas de Vollore-Ville, commune proche de Thiers, qui comptait 1200 habitants au début du 20ème siècle et dans laquelle on a recensé jusqu’à 300 monteurs de couteaux. Une étude publiée en 1861[6] sur la coutellerie thiernoise et adressée aux membres de l’académie de Clermont-Ferrand, donne des chiffres plus globaux. On estimait les emplois directs liés à la coutellerie à 13 500 dans l’ensemble du bassin, dont 8 500 consacrés au montage de couteaux[7]. Bien que les études statistiques de l’époque n’aient pas la fiabilité de celles de nos jours, l’ordre de grandeur est assez significatif.

Le rapport monteurs/emplois totaux, prouve l’importance de ce rang de fabrication et démontre que ce travail d’assemblage est long et sans doute exigeant puisqu’il faut y consacrer 6 emplois sur 10. C’est ce que nous allons voir lors de cette visite.

 L’atelier de Bruno et Laurent.

Vu de l’extérieur, l’atelier est une petite construction d’une vingtaine de mètres carrés, située dans la partie haute du jardin potager qui jouxte la maison d’habitation. Le cadre est verdoyant et vallonné. Il y a sans doute pire comme environnement de travail. En poussant la porte, on est frappé par la clarté qui règne dans l’atelier, par cette chaude journée de fin d’hiver. Les deux murs exposés au soleil levant et au sud sont totalement occupés par des châssis métalliques vitrés, ces « vannes » caractéristiques qui signalent les très nombreux ateliers de travailleurs à domicile qui parsèment la montagne thiernoise et dispensent un éclairage naturel. Dans un coin de la pièce, le poêle à bois dispense une douce chaleur les jours de frimas, car le climat semi montagnard est parfois rude.

Inondés de lumière par la grande baie vitrée, les postes de travail de Bruno et Laurent : enclumette et étau de coutelier aux mors très inclinés pour permettre l’inclinaison de la lime lors du guillochage. La perceuse à colonne permet de réaliser les trous du pointillage (décor de petits points réalisés à partir de fil de cuivre ou d’acier planté verticalement dans le manche et représentant la légendaire « croix du berger », mais plus souvent, un losange).

L’outillage est assez simple et classique : 3 enclumettes et 3 étaux de couteliers à mors étroits pour 3 postes de travail et d’innombrables limes de toutes tailles et de toutes sortes disposées dans des râteliers, pinces coupantes et marteaux complètent l’outillage manuel. Une perceuse à colonne a remplacé la perceuse à archet[8] que Régis avait utilisé à ses débuts. Dernier sacrifice à la modernité, 3 petits tourets ont pris place dans l’atelier. Ils servent à « planer » et dégrossir les plaquettes qui seront transformées en manches et à polir les pièces métalliques, les ressorts en particulier.

 Le royaume de l’astuce.

Mais le plus intéressant est ce qu’on ne remarque pas de prime abord, parce que ce sont de petits objets insignifiants dont on ne connaît pas l’usage ou qui restent à attendre leur tour dans une boîte ou un tiroir. Je veux parler des nombreux gabarits, guides, montages et dispositifs divers qui ont pour but de faciliter la tâche du monteur en lui permettant en particulier de reproduire toujours les mêmes réglages des différentes pièces qui composent le couteau. Ces astucieux dispositifs sont utilisés en particulier pour les limages et les perçages.

Mais l’inventivité ne s’arrête pas là. Plusieurs des limes ou râpes utilisées ont été fabriquées par Régis. Une râpe à très grosse denture destinée à dégrossir les manches en corne a été taillée dans une autre lime. Elle remplace avantageusement l’écouenne des anciens monteurs (voir site complémentaire). Un petit appentis situé dans le jardin abrite la forge permettant, entre autres, de tremper les outils fabriqués pour les besoins de l’atelier.

 Un savoir-faire ancestral.

La famille Dubesset compte parmi ses membres des monteurs-ajusteurs depuis au moins quatre générations,  établies dans le même lieu. Ils ont subi, plus que suivi, l’évolution des conditions dans lesquelles s’exerce leur activité. Le statut d’ouvrier à domicile place celui-ci sous la dépendance de plusieurs donneurs d’ouvrage. Régis, quant à lui, travaillait pour 4 ou 5 couteliers, essentiellement pour monter des laguioles. Le recours à des ouvriers à domicile ayant peu à peu disparu, Bruno et Laurent travaillent désormais pour un seul donneur d’ouvrage qui évolue plutôt dans la coutellerie haut de gamme avec des THIERS® de table. Un de leurs employeurs précédents leur avait bien proposé de rejoindre son entreprise pour intégrer l’atelier de montage de l’entreprise mais le désir d’indépendance et la qualité de vie qui sont les leurs leur ont fait choisir une autre voie. En complément du travail à domicile, ils travaillent désormais pour leur compte et avec leur marque pour la production de couteaux pliants haut de gamme.

 Un peu de technique.

Bruno et Laurent commercialisent, sous leur propre marque, des laguioles 3 pièces. C’est ce type de montage qui justifie le terme de monteur-ajusteur. En effet, malgré l’amélioration des techniques de fabrication des pièces de base, platines, ressort, lame, tire-bouchon, poinçon, malgré la précision des perçages, il est nécessaire de retoucher la fourniture et de faire un essayage « à blanc », avant de clouer définitivement le couteau. Les réglages à peaufiner sont nombreux. Citons en quelques uns.

 La lame à cran forcé.

Le laguiole étant un couteau à cran forcé, on doit particulièrement veiller aux points de contact entre le crochet du ressort et le talon de la lame, en position ouverte et fermée (Cf. croquis). Il faut s’assurer, en particulier que le point d’appui du nez de ressort soit bien ajusté pour que la lame n’aille pas « en arrière », c’est à dire qu’elle ne se relève pas trop en position ouverte. Un monteur habile a toujours la possibilité de rallonger le ressort pour avancer le point de contact. Il donne pour cela quelques coups de marteau bien placés sur le ressort posé à plat, dans la partie médiane et inférieure pour ne pas marquer le dos du ressort. Les quelques dixièmes ainsi gagnés par cet étirage pourront suffire à faire replonger la lame vers l’avant.

Amorce de ressort forgé main pour la réalisation d’un grand laguiole, acier de 4 mm. Mouche forgée. Le gabarit de ressort, visible sur l’établi, sera glissé sous la mouche pour tracer le ressort avec sa mouche. Gabarit des platines.

 Un tire-bouchon bien dans l’axe.

La position du tire-bouchon ouvert est esthétiquement importante. Celui-ci doit être perpendiculaire à la ligne générale du manche (approximativement, la ligne qui passe par  le clou de tête et le clou de cul). Il ne doit pas pencher vers l’arrière ou vers l’avant. Par ailleurs, l’espace qui sépare le haut du talon du tire-bouchon fermé et le ressort, doit être le plus réduit possible (Cf. croquis)

Gabarit de limage du talon de tire-bouchon. Un autre petit montage maison pour maintenir le tire-bouchon en place et limer le talon en suivant le profil du gabarit.

 La quadrature du cercle.

Pour fonctionner correctement, une lame, un poinçon, un tire-bouchon doivent vaincre la résistance élastique d’un ressort. Et le ressort a besoin de deux points fixes pour opposer une résistance élastique, que la pièce mobile soit entre les deux points ou à l’extérieur des deux points. (Cf. croquis). Les points fixes qui bloquent le ressort sont, soit le talon de la lame, soit le talon du tirebouchon, soit le talon du poinçon. Etant donné que ces 3 points doivent aussi pouvoir bouger à l’ouverture des différentes pièces, comment faire pour que les points soient tour à tour fixes ou mobiles deux par deux et qu’en même temps le ressort soit maintenu entre les platines par un clou ? L’énoncé du problème est lui-même compliqué ! La solution passe par le perçage d’un trou oblong au fond du ressort, trou oblong qui permettra de fixer le ressort entre les platines et autorisera la « lève » du fond du ressort lors de l’ouverture-fermeture du poinçon. Si vous observez attentivement le ressort au cul du couteau, il monte entre les platines au cul du couteau d’environ un millimètre pour permettre la rotation du talon de poinçon. Un bon dessin valant mieux qu’un discours compliqué, reportez-vous aux croquis correspondants. Sans cette « coulisse », impossible de monter 3 pièces sur un même ressort. Cette mécanique complexe demande un ajustage parfait pour que les pièces n’aient pas de jeu et ne ballottent pas, dans certaines positions.

L’ajustage ne peut donc être réalisé que pour des ensembles appariés qui ne sont pas interchangeables. D’où la disposition des différents éléments constitutifs des couteaux sur un plateau disposé devant le monteur dans un ordre précis. Celui ajuste habituellement une douzaine de couteaux.

L’habitude du « treize pour une douzaine » qui a eu cours jusqu’à une période récente pour tous les rangs de fabrication a tendance à disparaître en même temps que la disparition du travail à domicile. C’est donc la fin programmée du « treizain », ce couteau supposé moins bien fini, mais qui ne terminait pas à la poubelle pour autant. L’exigence de qualité et de régularité des productions modernes n’est plus compatible avec cette pratique, par ailleurs pénalisante pour la chaîne des sous-traitants et non justifiée.

 Guillochage.

Le monteur-ajusteur réalise aussi une autre opération qui donne au couteau une touche finale un peu plus artistique et personnelle. La décoration du dos du ressort, des platines et du dos de lames se fait habituellement à la lime, avant la trempe effectuée par une entreprise spécialisée du bassin thiernois. Il faut donc disposer d’une batterie de limes de toutes sortes, de profils et de tailles variées. Le guillochage à la lime ne doit pas être confondu avec la gravure au burin qui autorise des décors plus compliqués et raffinés, ni avec le guillochage mécanique frappé sur le ressort avec une matrice d’estampage (voir la vidéo de guillochage mécanique sur  couteliers.fr/excalibur74.htm). Avec un peu d’habitude, on peut assez facilement différencier les procédés de guillochage. Le burin du graveur peut creuser des courbes, des volutes, des rinceaux à plat sur le dos du ressort, ce que ne peut faire la lime qui trace des traits, des demi-cercles ou des triangles sur le bord du ressort. Quant au guillochage mécanique, dans la mesure où il se réalise par estampage avec un poinçon lui-même gravé en relief, il imite la gravure au burin, en particulier en traçant des traits fins, en long, sur le ressort, ce que ne peut faire la lime, mais sans jamais atteindre le degré de finesse et de complexité de la gravure au burin.

Ressort de laguiole brut de forge et après guillochage et trempe. Le guillochage est une action en négatif. Le coutelier doit prévoir le résultat en fonction de la matière qu’il enlève, contrairement à la gravure au burin au cours de laquelle le graveur « dessine » son motif.

Le travail de la mouche réalisé par Bruno et Laurent est fait lui aussi à la lime à partir d’un ressort forgé dont l’avant est écrasé en forme de palette. C’est cette palette qui sera travaillée, au marteau tout d’abord,  sur un petit tas de mise en  forme pour rabattre les ailes de l’insecte, puis décorée à la lime pour faire apparaître les ailes le thorax et la tête de l’abeille. Le trait est franc et vigoureux et n’a rien à voir avec le dessin, certes plus précis, mais aussi plus hésitant, de la mouche estampée puis soudée.

Chacun d’entre eux maîtrise une douzaine de modèles de guillochage différents. Il faut de dix à quinze minutes pour guillocher un ressort, selon le degré de complexité du dessin. Nos deux monteurs réalisent d’ailleurs des guillochages de ressort en sous traitance pour des couteliers.

Pour des pièces de grande taille, au-delà de 13 centimètres qui est la taille pour laquelle il est possible de trouver des ressorts forgés chez les fabricants de fourniture, Bruno et Laurent utilisent deux méthodes. Il est tout d’abord possible, à partir d’un ressort forgé de 13 cm, de l’allonger par étirage au marteau jusqu’à 14 cm. Au-delà, le ressort est fabriqué dans une tôle d’acier de 4 mm. On forge tout d’abord la palette qui servira à représenter la mouche en écrasant le coin supérieur de la tôle, puis on pose sous cette palette forgée, un gabarit de ressort qui permettra de tracer puis de découper le ressort avec sa mouche forgée. Bruno et Laurent réalisent ainsi des couteaux de 18 cm et plus.

 Le travail du manche.

Bruno et Laurent partent de plaquettes pour réaliser les manches de leurs couteaux et le façonnage est donc réalisé entièrement à la main. L’état final est approché à la bande abrasive ou à la grosse bâtarde, et les finitions sont faites à la lime : coup d’ongle à la demi-ronde pour pouvoir attraper le tire-bouchon, coches[9] au niveau du talon du tire-bouchon, finition à la lime douce …

Le jeu de limes utilisé par le monteur : demi-ronde pour le coup d’ongle pour prendre le tire-bouchon, très grosse râpe fabriquée par Régis pour dégrossir les côtes en corne, râpe pour réaliser les coches, brunissoirs pour polir les ressorts.

Les matériaux les plus utilisés sont le bois et la corne, mais pour leur production personnelle, Bruno et Laurent utilisent tous les matériaux habituellement utilisés dans la coutellerie haut de gamme : bois précieux, ivoires fossiles, baculum de morse, lave émaillée, inclusions sous résine …

 Une finition générale soignée.

Le parfait réglage mécanique s’accompagne d’une finition soignée dans le détail. « Les dedans » sont soigneusement polis, intérieur du ressort, talons des pièces, dos du ressort sous le tire-bouchon, platines … Les clous de montage sont rivés en faisant un molleton, c’est-à-dire un rivet rond en relief bien plus esthétique qu’un rivet arasé mais plus long à réaliser. Pour les modèles réalisés à l’unité, la lame « poncète », ce qui protège la lame du choc contre le ressort.

Petit tas pour mettre en forme les mouches forgées. Le ressort est glissé dans la fente du tas, la mouche, plate au départ est mise en forme sur les pentes du tas pour incliner les ailes de la mouche. Petit outillage « maison ».

Tout ceci explique que pour monter la douzaine de couteaux placés devant lui, le monteur devra travailler pendant un jour et demi à deux jours avant de passer la main à un polisseur à domicile qui va donner la touche finale aux couteaux.

 La production de l’atelier Dubesset.

En complément de l’activité de montage en sous traitance pour des donneurs d’ouvrage, Bruno et Laurent fabriquent également, sous leur propre marque, toute la série des couteaux régionaux réalisés dans des finitions haut de gamme : Laguiole, Alpin, Alsacien, Aurillac, London, Issoire, Tonneau … et parfois dans de grandes tailles. La qualité de leur travail a d’ailleurs été couronnée par l’attribution du prix Crocombette lors du Festival coutelier « Au fil des lames » 2012. Un site internet en construction devrait bientôt permettre à chacun d’apprécier la production de l’atelier Dubesset.

Une paire de laguioles richement travaillés, dont un 18 cm. Entièrement réalisés à la main. Prix Crocombette lors du Festival « Au fil des lames » 2012.

 Et c’est ainsi qu’à l’Os de Pie, dans le calme d’un atelier familial, au cœur d’une contrée imprégnée de culture coutelière, naissent, en toute simplicité, de magnifiques couteaux fabriqués avec l’amour du travail bien fait.

 

Aurillac bicolore. 

Damier réalisé en ivoire et ébène.


Michel FERVEL

 



[1] Alexandre Bigay, Oeuvres patoises des régions d’Ambert et de Thiers, 1935, page 74.

[2] Texte intégral en patois et en français sur le site :  couteliers.fr/monteur.htm

[3] Voir le site :  couteliers.fr/excxalibur72.htm – Le statut des travailleurs à domicile

[4] Marc Prival, Couteaux et couteliers, Editions Créer, page 79

[5] Ibid., page 71

[6] Voir : couteliers.fr/monteur.htm

[7] Pour une production estimée à 32 millions de pièces par an, tout de même.

[8] Voir vidéos sur : couteliers.fr/monteur.htm

[9] Appelées « fesses » dans le métier. Regardez le manche d’un laguiole au niveau du tire-bouchon, vous comprendrez pourquoi.